Émile Zola

ParisFécondité▼▼

Paris (Fasquelle)

Mercure d’avril 1898 (numéro 100), pages 236-240.

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Après la série des Rougon-Macquart, Émile Zola a écrit, entre 1813 et 1898, la trilogie Les Trois villes : Lourdes, Rome et Paris. Paris est paru en feuilleton dans le quotidien Le Journal, de Fernand Xau, depuis le 23 octobre 1997 jusqu’au mercredi neuf février 1898.

Après la Rachilde odieuse et complaisante complice de Gyp que nous venons de lire, voici une Rachilde que l’on préfère.

  1. Réminiscence de l’odieuse critique précédente.

  2. Le Président de la République est Félix Faure, élu en janvier 1895, et qui restera au pouvoir jusqu’à sa mort, le seize février prochain dans les conditions que l’on sait, à l’âge de 58 ans. Le président du Conseil est le bien-oublié Jules Méline, qui est pourtant resté en poste plus de deux ans, longévité exceptionnelle sous la IIIe république.

  3. À la place de la Roquette se trouvait une guillotine. L’endroit, au débouché de la rue Croix-Faubin, conserve encore de nos jours les cinq dalles sur lesquelles reposait l’échafaud.

J’ai pour le génie de M. Émile Zola un très profond respect. Jeune fille, j’achetais en cachette ses œuvres, qu’on me défendait de lire (ce sont les seuls livres modernes que j’aie jamais achetés, Villiers de l’lsle-Adam m’ayant, plus tard, donné les siens), et je mets en réserve, pour cet auteur formidable, le respect et la crainte qu’ont eus tous les enfants pour un oncle morose, peu aimant mais très juste, les grondant avec l’aveuglement d’une incontestable autorité. À la lecture de l’Assommoir, je fus saisie d’une telle admiration que… j’entrevis la possibilité d’avoir aussi du génie… comme ça ! Il faut qu’on pèse bien mes légères paroles. Je ne fais pas de la critique, ici ; je donne, avec naïveté, des impressions, et j’essaye de rendre par le détail, le petit coin de pittoresque, l’ensemble de plusieurs jugements des jeunes de mon époque. Cette sensation de petite fille tentée par la gloire des lettres doit vous résumer ce que beaucoup pensèrent à l’aurore de ce grand homme. Voilà ce que nous avons tous à lui reprocher. Pas plus, pas moins. Il nous a fait croire à la possibilité d’écrire bien, facilement. Inventeur d’un procédé, le procédé dit : naturaliste, il nous a fait penser que la littérature était un art fort simple, alors que c’est, de tous les arts, le plus complexe et le plus délicat. Dire ce que l’on voit, à travers le binocle de son tempérament, et n’y même pas songer plus de huit jours : seul, un homme de génie pouvait risquer ce jeu d’écrire au courant de la plume. Émile Zola seul fut génie en ce genre de course aux cinq cents pages noircies, et il est responsable de toute une phalange d’auteurs médiocres (dont je suis), qui, sans lui, auraient eu… au moins du talent. Né romantique au lieu de pousser vers l’infini où l’on découvre ou Dieu, ou l’absurde, mais enfin un absolu, il a poussé vers le centre de la terre, comme les autres esprits de l’or[1]. Certes, ce n’est pas un juif, c’est un esprit de… l’ordre, un immortel principe. Et comme, à part la fiction dieu, il n’y a pas de principe humain immortel, il a réussi une chose effroyable, entre toutes pauvres gloires humaines : la belle médiocrité. Ce n’est cependant pas un médiocre. C’est, tout de même, un génie, et on se demande comment, pouvant demeurer libre, il a consenti à être raisonnable sans ailes ! Il a daigné réaliser le type du grand bourgeois de notre époque, sans croyance, positif, plein de demi-vices et de demi-vertus, parlant de la nature avec la brutalité de qui n’en a pas peur, car la nature, le ciel, la terre, les étoiles et les fleurs, sont spécialement fabriqués pour nous inviter à la reproduction (!). Émile Zola voit large, d’ensemble, nul autre que lui ne peut mener avec sa sûreté de main les mouvements de foule, parquer pour des projets mesquins tout le bétail des campagnes ou des villes, mais son âme à lui se contente d’être l’âme de ces foules. Sa volonté tenace est de nier tout mystère. Il n’a jamais tremblé ni douté. Il est sûr qu’il n’y a rien… et il vous le ferait croire tant son aplomb est merveilleux. Il a assumé la triste responsabilité de la morale et de la philosophie du siècle. Le siècle devait être naturaliste ou il ne devait pas être. Le siècle littéraire n’a donc pas été. Il l’a tué, confisqué à son profit, sinon à celui des foules, il lui a crevé les yeux. « Ce qu’il rêvent, je le ferai ! » Il a fait mieux : il a empêché les autres d’oser le faire, et, durant bien des années, on n’est plus monté à califourchon sur les rayons de lune. Il y a eu, grâce à lui, des poètes réalistes ! Meurtrier ou chirurgien, il a imposé à l’art le bandeau de la raison. Or, le jour où l’on devait échapper à ce bourreau, très conscient, je suppose, on n’avait plus qu’à devenir fou dans le premier moment d’éblouissement. Et des esthètes sont nés de ce moment de folie, des êtres, venus au monde des arts, très vieux de n’avoir cru à rien dès le ventre de leur mère, torturant leur langue sept fois dans leur bouche avant d’oser proférer que la raison, le positivisme, le monde rationnel créé par Monsieur Zola, ça pouvait bien aussi ne pas exister. Ces esthètes, que l’auteur de Paris a en horreur, ce sont pourtant les libérateurs du nouveau siècle, ce sont les démolisseurs, les symbolistes exécrés de la période de transition, ceux qui mourront sans la vraie gloire comme tous les novateurs, mais les précurseurs sacrés des géniaux de demain ! Monsieur Zola les déteste à juste titre. Le bourgeois de l’ordre social ne doit pas aimer les anarchistes malgré ces complaisances d’homme de génie. On s’est échappé de la geôle et il ne pardonne pas, car un roi peut oublier, mais un bourgeois, ça vous a des rancunes terribles. Certain article publié au sujet de Paul Verlaine témoignerait même de la part du bourgeois en question d’une haine qui n’a rien à démêler avec les fureurs des gens de génie… et qui étonne de la part d’un défenseur de l’innocence ! Paris est un livre fort beau, long, lourd, pas plus documenté qu’une courte nouvelle ou un fait-divers, c’est un Paris possible que tout le monde peut avoir vu à travers son tempérament, pourvu qu’on possède un tempérament très calme. L’abbé Froment se promène de la misère noire au luxe doré pour aboutir à de petites parties de bicyclette avec une femme, et cela ne nous scandalise pas, car c’est l’habituelle promenade d’une âme essentiellement sociale, seulement éprise du possible. On se partage d’abord le monde à vol d’oiseau pour n’en jamais posséder que la moitié d’un champ ou n’y cueillir qu’une fleur. La disproportion de l’envergure du geste avec le résultat est toujours ce qu’il y a de mieux dans l’œuvre tout entière d’Émile Zola. Cela est sain, propre (les saletés sont en carton-pâte, très exagérées, et c’est pourquoi on les voit plus propre que nature), froid, sans fièvre et raisonnable à souhait. Cela est à la portée de toutes les bourses et de tous les cœurs. On n’y apprend rien, on n’y laisse rien. II faut lire cela comme on mangerait du pain rassis. La science de demain (celle d’hier appartient à Émile Zola) commence à découvrir que le pain n’est pas un aliment indispensable à l’homme… cependant, tout le monde doit en manger !

Dans Paris, nous sommes loin des belles pages de l’Assommoir, de la Curée, de Nana, il ne demeure plus que la volonté obstinée de faire correctement le pain quotidien littéraire. Non, ce n’est pas la manne du ciel ! On s’aperçoit, alors, sans la fièvre de jadis et les belles tranches saignantes, de certains retours agaçants des phrases, le procédé envahit tout, nous harcèle et nous enlise si profondément, le long de certains chapitres, qu’on est obligé de se reculer un peu pour essayer de dégager le tableau de la manière, trop voulue, du peintre. On y traite trop souvent Paris de cuve où bouillonnent toutes les corruptions, et on rencontre, çà et là, des grandes dames qui causent comme de simples petites bonnes. Émile Zola manque de monde, mais il a une excuse : il le fait exprès. C’est pour démocratiser de plus en plus notre société positiviste. Les visions du Paris physique sont d’une grande richesse de tons. À l’aurore, au crépuscule, de nuit, de jour, on sent que les maisons y sont universellement carrées, solidement assises sur un sol bitumeux (tel celui de Sodome), et il y a des brouillards propices en trompe-l’œil. Par exemple, le souci du Paris moral est si féroce que son auteur exagère jusqu’à prétendre que lorsque deux héroïnes de Lesbos se baisent à la bouche, un vent de désespoir et de réprobation souffle sur la perverse capitale. Sans être plus pervers que M. Zola, on peut admettre facilement qu’il y eut toujours des éphèbes incertains de leur sexe, et des femmes folles de leur propre beauté, et que la terre n’a jamais cessé, pour cela, de tourner dans le même sens !

En fait d’amour et de passion, d’ailleurs, Émile Zola désire qu’on en reste à la femme bovine, aux larges hanches, aux seins rebondis, aux bras nus trempant dans l’écume savonneuse d’une eau ménagère. Cela suffirait déjà, je pense, à vous dégoûter des autres, mais, pas plus que les lesbiennes, les blanchisseuses n’influent sur l’axe du monde, heureusement. Maintenant, dans ce roman panorama, on exécute le gouvernement actuel2, et, chose étrange, les juifs capitalistes. L’auteur a vu ces derniers d’un peu plus près que Madame Gyp, et il les a servis chauds ! C’est amusant. Entre temps, on s’aperçoit qu’il a toutes les haines… comme tous les égoïstes ambitieux, et qu’il les garde précieusement, sans évoluer. Il a surtout le mépris des chercheurs d’impossible encore plus que celui des chercheurs d’or, des fameux esthètes qu’il voit tous sodomites, comme le petit trottin de Montmartre, lequel confond volontiers le symbolisme avec la pédérastie. Émile Zola, en véritable bourgeois français, a parfois l’âme d’un trottin ; ce n’est pas très littéraire, mais c’est drôle. Ainsi sa rage de tout arranger pour concourir à l’attendrissement final lui fait transformer un explosif capable de pulvériser un quartier de Paris en un joli petit moteur bien docile, ronronnant doucement comme une mouche au soleil. Ici, on aimerait le document, au moins chimique, sinon humain ; seulement, Émile Zola n’a pas le temps de nous le fournir. Depuis que j’ai vu, dans la Bête humaine, je crois, une locomotive ficher le camp hors d’un chapitre et s’évaporer totalement en enlevant un régiment de fantassins (qu’on a porté, certainement, comme perdu au ministère de la guerre), j’ai de la méfiance pour la vérité en marche ! Sans compter que le dit explosif, dont on a saturé toutes les fondations du Sacré-Cœur, a été oublié sous la butte, et que, grâce à cette fantaisie ultra-romantique, nous allons prier… sur un volcan. Situation navrante, bien propre à émouvoir le pape ! En revanche, l’hallali de l’anarchiste à qui l’on coupe la tête à coups de poings place de la Roquette3 est une très belle chose. On y retrouve, avec plaisir, le grand Zola léonin de jadis, solidement campé à son poste de surveilleur des foules, l’œil clair, embrassant à la fois le panorama et les individus, faisant magistralement pleuvoir l’ennui et introduisant une étrange puissance dans la particulière banalité d’un détail.

Paris est une œuvre de beaucoup supérieure à la Terre et à la Bête humaine, moins bonne, peut-être, comme qualité d’énergie, que Lourdes, où le libre-penseur s’étalait avec une audace têtue du métier vraiment extraordinaire, mais plus intéressante, plus près de nous que Rome.

Le malheur, c’est que le lecteur français, qui met ses mauvaises passions au-dessus de ses meilleures lectures, va probablement se priver de feuilleter ce volume, énorme travail, et châtiera Émile Zola dans sa gloire sociale en lui refusant les cent éditions de rigueurs. Ce sera dommage, car, ce que l’auteur a voulu sortir de sa ligne d’égoïste ambitieux pour devenir un… monstre, c’est-à-dire un chevalier de la légende, il n’en demeure pas moins digne de toute l’estime de la plus haute bourgeoisie. Une fois n’est pas coutume et j’ai confiance en lui pour le retour aux vieux procédés de son génie.

Fécondité (Fasquelle)

Mercure de novembre 1899, page 485

La chronique de ce mois de novembre ne traite que d’un seul livre, sur neuf pages. Pourquoi neuf pages pour un seul roman, aussi volumineux et aussi important soit-il ? Parce que Rachilde y est emportée par sa fureur antidreyfusarde et antisémite que rien ne pourra arrêter, même pas la fin de cette chronique. Lire notre position ici.
Fécondité est le premier roman d’un ensemble qui devait en comporter quatre : Fécondité, Travail, Justice et Vérité, réunis sous le titre commun Les Quatre Évangiles. La mort d’Émile Zola en septembre 1902 interrompra ce projet après le troisième ouvrage, Justice.

  1. Léon Bloy, Le Salut par les Juifs, librairie Adrien Demay, 1892, écrit en réponse à La France juive de l’antisémite Édouard Drumont.

  2. Laurent Tailhade, Au pays du mufle, recueil de poèmes paru chez Léon Vanier en 1891. Ce poème ne concerne pas les juifs. Il a pour titre : « Ballade touchant l’ignominie de la classe moyenne » et se trouve page 19 : « Croutelevés et marmiteux / De Nevers, de Chartre ou de Tulle, / Spatalocinèdes piteux / Couverts de gale et de pustule, / Ce bourgeois qui récapitule, / — Étant ladre mais folichon, — / Le quantum de votre sportule, / C’est de la viande de cochon. »

  3. La Revue blanche du quinze octobre dernier, page 284. On peut noter que l’article de Gustave Kahn a aussi une longueur de neuf pages, mais pas pour la même raison.

  4. Gustave Kahn, Le Conte de l’or et du silence, Mercure 1898, 379 pages.

  5. Ce mot, désignant un homosexuel masculin, n’a été utilisé que peu de temps et à cette époque.

  6. Mathieu Froment est le personnage principal de Fécondité.

  7. Maurice Barrès, Sous l’œil des barbares, premier tome du Culte du Moi, chez Alphons Lemerre, fin janvier 1888 (205 pages). Voir aussi note 12.

  8. Barathre : gouffre situé à l'ouest d’Athènes, hérissé de crochets de fer, où l’on précipitait les condamnés à mort. (TLFi).

  9. Émile Richebourg (1833-1898), auteur extrêmement fécond, rendu populaire par ses feuilletons dans le Petit Journal.

  10. François de La Rochefoucauld (1613-1680) : « Il y a de bons mariages, mais il n’y en a point de délicieux. »

  11. Prêtre défroqué polémiste et franc-maçon, Victor Charbonnel (1860-1926), a écrit 21 articles dans le Mercure de France entre décembre 1895 et juin 1901, dont 17 chroniques « Questions morales et religieuses ».

  12. Le Jardin de Bérénice (Perrin 1891) est le troisième et dernier tome de l’ensemble de Maurice Barrès Le Culte du Moi (note 7).

… Voici, Messieurs les Juifs, le moment de régler l’addition ! Vous allez tous acheter ce livre de sept cent cinquante pages et vous le lirez, ou vous ne le lirez point — vous êtes si intelligents, — mais vous le poserez bien en évidence sur le premier rayon de votre bibliothèque, vous lui ferez un petit socle d’honneur en peau d’officiers français, parce que ce maroquin est à la mode, et vous en parlerez à mots couverts, d’un ton pénétré, plein du respect dû au talent monstrueux de ce cher maître qui n’a rien oublié, le long de sa dernière œuvre, sinon d’avoir le tact de faire court. Avalez et payez, Messieurs les israélites, c’est écrit spécialement pour vous et vos familles patriarcales, vos patriarcales familles, sociétés dans la société, états dans l’État, niveleuses d’individus en faveur du nombre, autres jésuitières où l’esprit d’abandon et d’orgueil est remplacé par le culte, plus éclairé, des affaires. La belle réclame « j’accuse » ne nous permettait pas d’espérer une semblable aubaine, un si énorme pavé d’ours, vous tombant sur la tête. Le salut par les Juifs ! a clamé Léon Bloy[1]. En effet, nous voilà sauvés de l’abominable tentation de feuilleter les feuilletons de Zola. Ça ne nous regarde plus. Avalez donc les yeux fermés, le nez bouché, car, malgré que votre religion vous le défende, c’est pour employer le refrain favori de votre récent poète, Laurent Tailhade :

«… C’est de la viande de cochon2 ! »

C’est blanc, c’est rose, c’est blond, c’est gras, ça vous a des plis aux cuisses, c’est lourd, indigeste, obscène et propre à donner la nausée à tous les amateurs d’idylles.

Non ! jamais plus malencontreux champignon n’a poussé après une sanglante averse, jamais veau plus à cinq pattes et plus à trois mufles n’a surgi de l’union du taureau Art social et de Pasiphaé l’Hypocrisie-romantique. C’est colossal, scandaleux, pitoyable, bête à pleurer, tout aussi encombrant et tout aussi… respectable que le ventre d’une femme à son neuvième mois ! Et c’est surtout, par-dessus tout, l’avortement complet d’un très louable effort — je veux bien admettre, un instant, qu’il soit louable de pousser, pour la plus grande misère humaine, à la reproduction de l’espèce des médiocres.

J’ai lu, sans être juif, hélas ! et, pour d’autre motif que le dévouement à ma race, ce prodigieux volume en entier. J’y ai mis une semaine et je ne crois pas avoir perdu mon temps en perdant enfin toutes mes illusions au sujet de son auteur. Il paraît qu’un critique très brave, ordinairement très spirituel, d’une intelligence érudite, ayant été convié au même régal forcé pour le seul amour de son art, en est devenu subitement fou, comme il appert de cette phrase signée Gustave Kahn, le grand rabbin de la Revue blanche3 :

« Aussi ceci : c’est que si la bourgeoisie s’épuise de détraquement, de mauvaises mœurs, et se détruit en plaçant ses espérances sur de trop peu nombreux et trop frêles héritiers, à côté d’elle, dans le petit patronat, parmi ces employés qui sont en somme des ouvriers contraints à la jaquette ou à la redingote, une classe nouvelle s’élabore, ayant toutes les énergies de l’ancienne bourgeoisie, alors qu’elle n’était pas victorieuse, et que ces premiers représentants du quatrième état, issus du Tiers, sont aptes à toutes les besognes civilisatrices et à toutes les pacifiques conquêtes ; accessoirement, qu’il faut réagir contre la manie exclusive de l’usine et du négoce, et que la vieille terre, pas encore épuisée, peut encore nourrir royalement les bras qui veulent s’occuper d’elle, et qu’il y a là un excellent point de départ. »

Il est clair que le point de départ, lorsqu’on arrive à celui qui clôt ce livre, c’est la folie furieuse ; ou on pond, sans souffler, des paragraphes de cette envergure ou l’on se châtre ! Quand on pense que l’estimable écrivain du Conte de l’or et du silence4 tient absolument, lui aussi ceci, à payer la carte, comme si les poètes devaient quelque chose aux sociologues, et se précipite du haut de sa tour d’ivoire dans la rue, dans la monomanie de la foule ! Je sais bien que depuis deux ans tous les artistes deviennent monomanes en France, voire même à l’étranger, mais j’espérais que celui-là aurait le sourire — il est si intelligent — et remettrait les choses d’art à leur place, plus haut que la foule, dirait, avec l’autorité qu’il prit, jadis, de secouer un peu durement l’arbre généalogique des Rougon, non pas ce qu’il doit, mais ce qu’il faut. En vérité, je vous l’apprends, la chevalerie française demeure maintenant chez les Israélites ! Ils sont armés de pied en cap et courtois, vraiment, jusqu’à la miséricorde ! C’est très beau, une noblesse nous refleurit, seulement, ça nous révolte, nous, quelques-uns, peut-être deux ou trois, tristes représentants de races, paraît-il, déchues, mourantes, pauvres diables de parias de lettres condamnés à quatre ou six mille lecteurs, sous prétexte que nous refusons de nous ensocialiser et, dans un geste d’instinctive défense, nous portons la main à la poignée de cette puérile brette de cour qu’on appelle l’ironie. Après tout, il est permis de rire. On leur a rendu leur M. Dreyfus, leur cher capitaine va mieux, et nous avons fini du cauchemar de l’innocence qui faillit rendre tout le monde coupable. À présent qu’on a dépendu leur second christ, il ne nous reste qu’un officier louche de plus, ce n’est guère gênant, il y en a déjà un assez joli lot, bon pour le service dans la légion étrangère. Alors, comme, de temps en temps, au Mercure, on demande la peau du personnage qui n’est pas de notre avis, nous ne voyons pas le crime que ce serait de tanner un brin celle du grand champion dreyfusard. Je ferai même remarquer humblement que pour se livrer au commerce de pelleterie qu’on sait, il en est qui attendent leur tour, ne répondent qu’à la question posée et s’entêtent à ne pas sortir de leur ligne : Juger les hommes de lettres selon les œuvres de lettres. On peut pardonner à Émile Zola de nous avoir exaspéré durant deux hivers, l’héroïsme étant toujours de l’exaspération en puissance, mais je ne vois pas la nécessité d’admirer un mauvais roman après une belle action. Il est certain que nous « serons tués », cependant nous aurons bravement hurlé la mort aux oreilles de nos quatre ou cinq mille lecteurs, lesquels nous remercieront de leur indiquer Fécondité comme représentant le plus effroyable de tous les remèdes contre l’Amour, aussi bien de l’Amour-égoïste que de l’Amour-altruiste. Or, nous vénérons l’Amour sous toutes ses formes, autant que nous craignons peu la Mort, sa sœur aînée.

Je dois à mes lecteurs l’histoire de Fécondité, puisque moi j’ai lu ce livre au double point de vue de l’art et de la sociologie… je leur en servirai la légende. Si je me fais mal comprendre, c’est que je demeure le dernier des vagues symbolistes, n’en déplaise au grand rabbin de la Revue blanche, qui les déclare à jamais enterrés sous une avalanche d’idylles, d’églogues, de joies dominicales, ce qu’on appelle enfin tous les embêtements de la vie quotidienne mis à la portée d’un ouvrier gréviste.

… Il y avait une fois un Monsieur qui se nommait Verlaine. C’était un poète, un patriote nationaliste avant l’heure, chose plus grave un uraniste5, et un homme de génie, car on peut être tout cela et avoir du génie…

… Il y avait une fois un Monsieur qui se nommait Mathieu Froment6. Il n’était ni très beau, ni très spirituel, ni très adroit, mais il était fort bien portant, « crevant de santé », il représentait un épi dans le champ, il était le 1 devant les cent mille zéros, pouvant d’ailleurs devenir l’un des cent mille zéros après le 1. Ce Monsieur épousa une femme qui s’appelait Marianne, comme la République française. Une femme à gros chignon, à grosses épaules, à gros tétons, à grosses hanches, celle qui donne, dans le monde où fréquente l’auteur, l’exacte mensuration d’une belle femme.

… Le poète crevait de faim sans rien faire, si c’est ne rien faire que d’écrire quelques vers immortels…

… Mathieu Froment travaillait, lui, pour le peuple, pardon… pour les issus du Tiers aptes à toutes les besognes civilisatrices (grains, fourrages, issues !), pour ces ouvriers contraints de porter des redingotes, classe nouvelle s’élaborant, ayant les énergies de l’ancienne bourgeoisie alors qu’elle n’était point encore victorieuse. (Logiquement chaque fois que la nouvelle bourgeoisie sera victorieuse, elle se montrera aussi répugnante que l’ancienne, car rien ne ressemble plus à un homme victorieux qu’un autre homme victorieux, malgré le progrès des machines agricoles, et… tous les capitaines vainqueurs, tous les vaillants pionniers de notre chère civilisation, « ont des odeurs fortes ».) Le principal ouvrage de Mathieu Froment était de connaître sa femme selon les rites de la sainte Bible… Ici, se dresse la question brûlante. II paraît, selon Zola l’évangéliste, que c’est le bourgeois victorieux qui a inventé Malthus. Diable ! Je connais, moi, une petite chanson vieille, vieille ; elle traîne dans les contes arabes, on la retrouve au fond des préceptes orientaux, on la chante dans les campagnes bretonnes du temps des druides, elle est si vieille que tout le monde la sait par cœur sans que personne puisse très bien se la rappeler. La voici et je fais mes excuses pour la mauvaise traduction :

Femme aux yeux de velours,
le premier fils de ton amour
est le fils de ta puissance,
il est l’homme par excellence.

Femme aux lèvres de corail,
le second fils de tes entrailles
est le fils de ton désir,
c’est un homme de plaisir.

Femme, crains la servitude,
car les fils de l’habitude
naissent tous tes ennemis…
du meilleur de ton ami.

Pour parler moins frivolement, l’Amour admet une trilogie, et, dès les premiers âges du monde, le choix, la prédilection d’où l’exclusion, l’abstention. Dans l’Eden on préférait déjà le joli Abel au vilain Caïn. Je ne sais pas si c’est de la socialité, mais c’est sûrement de l’humanité. On ne peut pas plus nier la beauté d’une plante vénéneuse, seule épanouie en face du champ de blé proprement multiplié par Messieurs les puissants du jour. D’ailleurs, les bourgeois modernes n’inventeront jamais rien, pas même l’art d’aimer, cet art venant d’un peu plus loin que la naissance de la Terre. Mais poursuivons.

… Autour de ce poète qui se nommait Verlaine, plante vénéneuse s’épanouissant en face du champ-peuple, se rangeaient les décadents, de sinistres et cyniques mémoires, des… abstentionnistes, des volontaires, des maîtres du choix, les Montesquiou féodaux… ou inféodés, les fins de races malades, empoisonnés ou empoisonneurs, des dilettantes exquis comme Barrès et, sous l’œil des barbares, ils émettaient… l’unique prétention d’avoir du talent pour eux, entre eux. Quelques-uns ont évolué. Naturellement de ce qu’ils dévièrent, par ambition ou par simple besoin de vivre, de leur primitive ligne, ils perdirent de leur force concentrée, vénéneuse. La lyre avait sept cordes dont une s’est cassée.

Autour de Mathieu Froment, le sublime héros de Fécondité (?), vallace automatique toujours pleine de ce que vous devinez et « qui jetait sa semence à pleine mains » (?), un Monsieur dont l’état d’âme bizarre est assez comparable à celui d’un bélier dans le troupeau (un bélier, aussi un de ces objets de destructions antiques avec lesquels on frappait les murs de Sparte, tandis que les citoyens éclairés de la ville précipitaient au barathre8 les enfants nés de travers !) autour de Mathieu Froment et pour lui servir de repoussoirs, des bonnes enceintes, des ouvrières enceintes, des bourgeoises enceintes, des grandes dames(!) enceintes, une armée de femmes enceintes qui avortent ou accouchent péniblement. Quelle péritonite, ce livre ! C’est une infernale frénésie d’étaler tous les ventres et toute l’ordure. Recto : forceps. Verso : fausse couche. La composition de cela est naïve, trop facilement déduite, l’écriture, ô Richebourg9, en est tellement lâchée, tellement peu française, malgré les phrases à résonnances techniques, qu’on commence à regretter sérieusement les casse-tête chinois de jadis, du temps où le grand rabbin de la Revue blanche sculptait vingt-cinq sphères d’ivoire, tournant toutes en des sens différents dans une seule pomme de canne.

Je vous signalerai particulièrement le leitmotiv : « À Chantebled Mathieu et Marianne fondaient, créaient, enfantaient, piochaient… » Il revient toutes les trente pages et s’il est moins sale que le reste, il tient furieusement de la place. Puis les fameuses répétitions du « coup de désir qui passe en tempête », « du coup de force » « de collier ». Je sais bien que c’est injuste de reprocher un procédé à son inventeur, pourtant dans l’Assommoir, la Curée, Nana, le procédé nous obsède moins et on ne tire pas à la ligne au nom de… la raison sociale.

… Pendant ce temps (et bien avant ce temps, hélas !) Verlaine, le poète, qui ne représentait aucun champion social, ne faisait point partie du Tiers (grains, fourrages, issues), crevait de plus en plus de faim, mais s’en consolait ayant procréé Sagesse, un évangile dont il serait difficile de tirer quatre moutures tant il semble y être dit des choses définitives.

… Je reproche surtout au héros de Fécondité d’aller contre les vérités en marche à force d’être… excessif. Il nous montre le devoir du Monsieur fécondant sa femme à jet continu et ne pouvant même plus agir autrement. Selon la science médicale d’une part, et selon, d’autre part, l’éternelle logique humaine (touchant souvent à l’absurde), pas très d’accord avec celle des romanciers naturalistes, qu’arrive-t-il durant les trois derniers mois de la grossesse, le dernier trimestre du bail, j’allais prononcer bagne ? Ce Matthieu Froment cesse-t-il, automatiquement, de fonctionner ? Ou, s’il continue, sachant qu’il ne procrée plus, quel genre de plaisir éprouve-t-il ? Une moyenne de douze grossesses donne une période de trente-six mois de repos pour cet étalon magnifique. Alors ?… Ce sera-t-il du vice… ou de l’abstention ? Ce qui regarde la morale, pure, absolue, doit être nettement défini. Moi, en fait de morale j’ai besoin qu’on m’explique tout… et quand on opère, comme Zola, sur une vaste échelle, il faut qu’on me donne des chiffres très exacts. S’il n’y avait encore que le petit crime des chiffres, le bouleversement de toutes les vraies proportions, je m’y résignerais, mais il y a « cette nouvelle Vénus, Astarté, qui féconde la terre en tordant le bout de ses seins » (en caoutchouc, probablement). Cela nous abîme de jolies choses et nous finirons par loucher en regardant les femmes enceintes craignant que, décidément, nos cerveaux en avortent. L’amour sincère est toujours une expression de beauté. Ses résultats sont toujours des expressions de laideur et c’est pour empêcher, sans doute, qu’on ne s’abstienne radicalement que l’amour est, doit être, demeurera toujours le plus profond, le plus terrible des Mystères. Depuis l’invention des cavernes je ne crois pas à la passion en plein soleil. « Il peut y avoir de bons mariages, il n’y en a point de délicieux », a dit un moraliste10 plus fort que Monsieur Zola, parce que le mariage, y compris l’union libre des nouveaux socialistes, autre cérémonie publique, exclut le mystère. Tous les couples épris pour créer des fils de leur amour, ou se féconder mutuellement le cerveau, une fécondation artificielle point tant si dégoûtante, ont l’idée de ne pas trop se voir aux heures de déchéances, et les heures de déchéances sont celles où l’on cesse d’être beaux. Je ne suis point un moraliste. Je suis cyniquement pour l’Amour égoïste contre la Société ; c’est-à-dire dans l’humanité des bêtes fauves et non dans l’humanité pour la multiplication des moutons imbéciles. Je ne crois pas à la durée du Tiers (grains, fourrages, issues). Je crois à la durée d’un beau vers, issu d’une caresse, fût-elle criminelle selon nos petites lois d’une heure. Or, je veux bien être régi par un alexandrin, même un vers libre, mais je m’insurge contre les immortels principes de 89 qui sont déjà remplacés par les principes immortels de 99 !

… Oui, Verlaine était noceur, il aimait l’absinthe, et, après boire, chantait sa patrie, la gloire des batailles, comme un simple Déroulède.

Stérile, possédant à peine la force physique de créer un mouton de plus, il fécondait très utilement la Beauté, chose nécessaire entre toutes pour supporter la vie quotidienne.

… Citations de Fécondité ; le passage ultra-poétique où l’on détruit, par la seule projection d’une phrase malheureuse, le résultat qu’on se proposait d’obtenir : « Elle jeta un léger cri de souffrance au milieu de son beau rire. — Ah ! le petit diable, il me mange, dit-elle. Il vient de rouvrir ma crevasse ! » [page 229]. Poètes de n’importe quelles époques de prospérité ou de décadence, littérateurs de tous les temps bibliques ou modernes, voilez-vous la face d’horreur ! Il s’est trouvé un poète et un littérateur qui a osé souiller d’une phrase abominable la coupe dans laquelle tous les petits enfants boivent du lait en attendant la nuit où, devenus des hommes, ils y boiront l’amour !… Ah ! je me moque du roman thèse, la nouvelle religion de Victor Charbonnel[11], son très spirituel pontife, et il m’est indifférent que les féministes soient ou non des femelles utiles ; ce qui me fait trembler c’est une phrase mal faite qui est généralement malfaisante. Je vois le pauvre chérubin rose tétant… du pus… et j’ai envie de vomir, et la natalité ne peut s’en accroître nulle part.

Récitons (ça, c’est de la philosophie) : « Au-dessus du plaisir, qui passe en tempête, une éternelle joie humaine demeure le fait souverain de la conception, un être de plus, non pas de misère, mais de la force, de la vérité, de la justice de plus. » [page 104]. Une alternative, la conception est une alternative, ne peut jamais être une certitude. On peut éprouver le même plaisir à concevoir un voleur qu’à procréer un honnête homme, mais on est jamais sûr de rien.

Recitons : « À Chantebled, on enfantait, on fondait, on fécondait, on créait… et cela faisait trois cents enfants, trois cents rameaux de l’arbre… » Trois cents enfants… Réfléchissez !

« Elle fut vaincue, prise d’une terreur sacrée, comme balayée par le débordement de cette fécondité sans fin. » [Page 591]

Je suis pour les images violentes, cependant je trouve cela d’une lecture un peu rude. Eh, que diable, je préfère de beaucoup aller relire le Jardin de Bérénice, retrouver de plus… petites secousses cérébrales. J’ai vraiment peur de la prose de ce monstre, comme j’aurais peur d’une indigestion de tripes, et ma religion me défend… les indigestions de tripes en littérature.

… Or, Verlaine ayant évolué selon sa ligne mourut mendiant. Et en plein Figaro (cette feuille publique n’ayant pas encore changé sa plume d’F), Monsieur Zola, grand-prêtre de la nouvelle bourgeoisie encore plus bête, plus inconsciente et plus puante que l’autre, déclara qu’on ne devrait point de buste à ce poète, car il était… peu social.

Puisqu’il est d’usage de demander une peau, à la fin d’un article du Mercure, je demande celle d’Émile Zola pour en relier les livres de Verlaine. Et j’offre, l’usage le veut ainsi, la mienne en échange pour qu’on en relie Fécondité… (seulement je crains bien qu’elle ne soit trop petite.)

Oui, oui, il m’est égal que M. Zola vienne de sauver un officier d’état-major, je ne suis pas officier d’état-major, je suis écrivain, et en qualité d’écrivain gaulois, j’ai la terreur, l’unique terreur de voir crouler le ciel sur de la mauvaise prose.

En terminant j’essaierai d’être aussi courtois que Messieurs les juifs, je me résumerai sur une belle phrase de Gustave Kahn lui donnant sa revanche sur celle du début de son article de la Revue blanche : « Ce qu’il promettait, il l’a tenu ; il est entré, non pas dans la politique, mais, pour ainsi dire, dans la socialité, sur une question qui regardait tout le monde au même point, sur un fait de justice sur lequel tout le monde avait le droit de donner son avis. Il a été dans le rôle que doit prendre, à certains moments, l’écrivain ; il a été le héraut de la conscience obscure de tous, et la voix forte de tous ses confrères en art, usant ainsi noblement de l’avantage que lui donnaient sur tous, pour se faire entendre, ses nobles succès antérieurs et l’aveu, obtenu auparavant de tous, de sa haute valeur d’artiste. En obéissant ainsi à sa conscience et à son caractère, il a obtenu une chose à laquelle bien des écrivains avaient pensé lorsqu’ils évoquaient les horizons lointains de leurs ambitions : c’est ce principal d’ordre moral, plus encore que littéraire, qu’avait exercé Hugo à la fin de sa vie. Il a été, comme lui, la voix du faible : et il est à la place où fut le grand poète. »

Non ! Il n’a rien tenu de ce qu’il promettait et c’est facile à voir. Il voulait faire des œuvres sincères ; emporté par son tempérament de feuilletoniste il n’a fait que des œuvres romantiques, excessives, dont quelques-unes sont, pour cela seul, beaucoup plus belles qu’il ne les a rêvées. Il n’a pu donner que l’avis de tout le monde, parce qu’en effet c’est une conscience obscure. Il est entré dans la socialité et non pas dans l’humanité. Il a été, vraiment, la voix du faible, celle de l’artisan en présence de l’artiste, celle du créateur du naturalisme en face de la Nature. Il a ouvré de beaux paysages de pierre. Il n’est pas à la place de Victor Hugo, parce qu’il n’a pas de génie. C’est un excellent ouvrier, qui, en se mêlant de problèmes sociaux, se transforme en un gréviste têtu et assommant.

Le patronat, ou le principal d’ordre moral, lui est défendu, car il manque d’une intelligence universelle ; il n’est pas dieu.

Maintenant, il est dangereux, parce qu’il nous prépare un nouvel état social, les trois cents enfants de Chantebled !

Eh ! Eh ! Ce n’est pas sans raison que la bonne mère nature a fait les loups moins nombreux que les moutons. Nous les attendons au coin de nos bois respectifs. Qu’ils y viennent !…

Rachilde