Enacryos

La Flûte de Pan (Borel)

Mercure de novembre 1897 page 561

Un lotus alba qui est bleu sur la couverture. Très jolie, charmante soirée païenne : « où tous les astres touchaient à la cime des arbres. » C’est avec une jeune nymphe pudique et changée en roseau que le dieu Pan fit sa flûte ! Qui le croirait ? Mais les dieux sont si malins…

Amour étrusque (Borel)

Mercure de février 1899 pages 468-469

Comme je ne vis pas sur le boulevard, je n’ai pas l’honneur de connaître Enacryos, poète moderne qui se cache sous un loup grec. Après tout, c’est peut-être bien Pierre Louÿs. (Je me demande qui des deux je vais flatter en disant ça ?) Il écrit bien, Enacryos, il écrit très bien. Il a des tas de petites femmes pour un seul homme et on ne les trompe ni l’une ni l’autre en les violant l’une après l’autre et quelque peu à la fois, ce semble. Elles se peignent, se lavent, se lustrent et se font les ongles, antiques modes qui rappellent les rites actuels. Après s’être aimé selon les divinités clémentes, on s’aime selon les furies, et les corps des jeunes amants sont torturés au nom de la chaste déesse. (Il y a toujours, dans un coin, une vieille fille de déesse qui empêche de s’aimer en rond vu… qu’elle-même a passé l’âge !) Et puis on meurt, avec de petits souffles de regret, si courageux, pour la chair à jamais perdue. Le long de ces petits contes extrêmement soignés, où l’on trouve des phrases argentées et toutes tremblantes au vent de la vie comme des feuilles de saules aux brises du soir, se promène une philosophie de fataliste sensuel qui plaît et retient. Mais la qualité essentielle de cela est que ce n’est nullement prétentieux : l’auteur est à son aise chez les Étrusques et nous invite à nous y asseoir.

Si Rachilde à compris qu’Enacryos est un pseudonyme, elle ne sait pas que c’est celui de J.-H. Rosny aîné. Lien Gallica pour l’édition Ferenczi de 1927 (230 pages).