Charles-Louis Philippe

Quatre histoires de pauvre amour (L’Enclos — Bibliothèque de l’Association)

Mercure daoût 1897, page 342

Un petit livre bien écrit. Il est plein d’images charmantes, un peu cherchées mais toujours gracieuses. Le pauvre amour en chair est un excellent morceau. C’est drôle comme les petits livres sont meilleurs…

La Bonne Madeleine et la pauvre Marie (éditions de La Plume)

Mercure de janvier 1899 page 171

L’auteur de quatre histoires de pauvre amour. Cette fois il n’y en a que deux. Ce sont de très petits cœurs, transis comme des oiseaux sous la neige et ils s’éteignent lentement sous le rayon d’amour qui eût été leur soleil libérateur.

Rachilde

P.S. — Une fois pour toutes, et en leur faisant mes excuses, je prie ceux et celles qui m’envoient leurs livres de vouloir bien se souvenir que mon accusé de réception est tout naturellement inclus dans les lignes que je peux leur consacrer ici. Je ne réponds plus par lettre… parce que je n’ai plus le temps.

R.

La Mère et l’enfant (Bibliothèque artistique et littéraire)

Mercure de juin 1900, pages 755-756

Touchant poème de tendresse et de résignation, ce petit livre blanc et bleu, aux nuances d’un manteau de vierge, n’est point écrit en vers, heureusement, car il sera lu ainsi par tout le monde, mais bien peu de poèmes contiennent autant de réelle poésie. Le petit enfant, tout bleu et tout blanc d’âme, entre dans la vie des sensations par la souffrance, l’injuste éternelle souffrance qui, en atteignant les bébés, fait douter de Dieu (et justement !) les plus pieuses mères. L’épisode du Saint-Bois est une chose ravissante de naïveté, de grâce fine et d’ironie couleur d’azur. Les portraits des différents médecins, « l’un tout d’alcool et de gaîté » sont de merveilleuses pointes sèches. Et il y a des trouvailles de mots si jolies : « Savez-vous ce qui arriva ? D’abord… pendant quinze jours il n’arriva rien du tout[1]. » Et c’est frais, d’une si radieuse précision. Je croyais qu’il n’y avait qu’Eugène Demolder, le grand écrivain, qui eût cette puissance de parler enfant avec cette sûreté de ton et cette entière pureté d’intention. On me dit que l’auteur de ce petit bijou littéraire est un tout jeune homme2. Le philosophe se montre pourtant vers la fin quand l’enfant, devenu ouvrier, réclame sa part de joies morales et physiques dans sa part de travail, mais c’est la bonté qui domine encore cette sorte de paisible revendication sociale. Aussi combien porte davantage, en-delà de toute foule vulgaire, cette voix d’ange qui n’extermine rien que les mauvaises pensées des autres. Il faut mettre la Mère et l’Enfant à côté d’un paroissien et dire bien haut à toutes les femmes… n’ouvrez jamais le paroissien, mais feuilletez le petit livre blanc et bleu aux heures de vos intimes détresses.

Ce texte sera réédité par La NRF au printemps 1911. Cette édition de 143 pages donnera deux informations contradictoires. La première, page quatre : « Édition conforme à la première édition de “La Plume” » et la seconde, page huit : « LA MÈRE ET L’ENFANT n’a jamais jusqu’ici été publié entièrement en volume ; des extraits en avaient paru, du vivant de l’auteur, dans différentes revues, et une importante portion de l’ouvrage avait été imprimée à part en une plaquette aujourd'hui épuisée. »
Puis en note : Cette plaquette, parue en 1900, à la Bibliothèque de LA PLUME, était considérée par l'auteur comme formant un tout complet. Elle contenait, de la présente édition, les chapitres :
Deuxième, moins les vingt-cinq premières lignes ;
Troisième, à partir de ces mots Cinq ans, six ans et sept ans, la joie… :
Cinquième, en entier ;
Septième, moins les seize dernières lignes. »

  1. Chapitre septième, page 133 de l’édition de 1911. Point d’interrogation fautif de Rachilde supprimé.

  2. Charles-Louis Philippe, né en août 1874, n’a pas encore 26 ans. Il mourra pourtant dans moins de dix ans. Voir « La Mort de Charles-Louis Philippe » dans le site leautaud.com