Ray Nyst
Notre Père des bois (Georges Balat, à Bruxelles)
Reconstitution de ce que doit être l’histoire de l’un des premiers hommes. Ce récit est surtout intéressant en ce sens que l’auteur a accompli le tour de force de laisser seul, durant deux cents pages, son héros qui chasse, mange et venge un frère absent au milieu des solitudes immenses d’un monde encore vierge pour lui. Le combat des lions, la fosse où tombent les troupeaux, le tableau du grand chêne penché sur cette même fosse, l’amour d’un couple de serpents, les aubes et les crépuscules de cette terre mystérieuse, notre première mère, tout est traité largement, sobrement et avec une puissance paisible qui fait du bien au cerveau comme le vent venu des hautes montagnes. L’auteur a évité l’écueil d’imiter les Rosny et, s’abstenant de mots scientifiques, il a dit des choses nouvelles en une aussi belle langue, aussi riche d’images fraîches.
Mercure de juillet 1899, page 185
La Forêt nuptiale (Georges Balat, à Bruxelles)
L’auteur de ce livre a entrepris de dire en une langue sobre et pure les premiers drames de la terre. Il n’est là ni psychologie subtile ni complications ironiques. Rien que la splendeur de la nature neuve et rien que le poème de la force. Un homme cherche la femelle qui doit perpétuer sa race. Il la trouve et pour elle tue des lions. Ils s’épousent ensuite dans les grandes ombres de la forêt nuptiale. C’est vraiment très beau, cela nous emporte un peu loin des boulevards… et des imbéciles et dangereuses expositions[1].
Mercure de juin 1900, pages 760-761
Au même titre que J.-H. Rosny qui fera l’objet du compte rendu suivant, le Belge Ray Nyst (Raymond Nyst, (1864-1948), proche de Joséphin Péladan, est auteur de romans préhistoriques et de science-fiction.
L’exposition en question est évidemment l’Exposition universelle, inaugurée le quatorze avril dernier et qui se terminera à la mi-novembre.