Maurice Maindron

Saint-Cendre (Revue blanche)

Mercure de juin 1898, pages 830-831

Le tort des romans historiques est de nous parler de rois et de reines en négligeant les caractères du temps dans de plus humbles personnages. Maurice Maindron a compris qu’il serait davantage intéressant de nous étaler des passions humaines en leur faisant traverser une époque loin de la nôtre et en leur laissant cependant, toute leur saveur d’éternité. En 1568, le marquis de Saint-Cendre, dompteur de femme et homme de guerre, est un peu semblable à un Don Juan moderne, sa compagne Gabrielle est aussi peu chaste que les mondaines du vernissage et il y a jusqu’à une petite jeune personne de Lesbos qui ressemble terriblement à des demi-vierges de notre ère. Arquebusade, guet-apens, duels de routiers au prise de forteresse sont des accessoires qu’on peut enlever pour les remplacer par les meubles américains de la maison Bourget et Cie voire même Mendès sans Cie. Mais c’est une habileté d’avoir changé un peu la mise en scène. Cela permet des situations plus hardies et une paillardise plus Phœbus. (L’auteur ne se prive point du détail scabreux… on le dirait tout le temps en train de dérouiller la ceinture de Cluny !) Il y a, par-dessus les grivoiseries, une assez belle figure de paillard taciturne : M. de Clérambon. Celle-là suffirait à excuser quelques descriptions d’une nudité effarante.