Félicien Champsaur

L’Épouvante (Ollendorff)

Mercure de juillet 1896 page 15

L’Épouvante est le troisième volume d’une trilogie romanesque rassemblée sous le titre commun du Mandarin : Marquisette, Un maître et L’Épouvante, tous trois heureusement parus chez Ollendorff en 1895-1896.

Il faudrait avoir lu les débuts de l’histoire dans les premiers avatars du Mandarin pour bien saisir les fils de cette ténébreuse intrigue à la Gaboriau, d’ailleurs fort habilement menée d’après ce qu’on peut induire du résultat. Un avocat tue Marquisette pour s’approprier un million, mais comme il sait que son ami, l’amant de Marquisette, est innocent, il le laisse d’abord arrêter pour avoir ensuite le plaisir de plaider sa cause et de la, gagner ! La maîtresse de cet avocat sympathique et… très, moderne meurt de l’épouvante que lui communique la certitude que son amant est un assassin. Moitié social, moitié romanesque, ce feuilleton d’aventures contemporaines est très intéressant.

La Glaneuse (Simonis Empis)

Mercure de septembre 1897 pages 522-523

Le concours hippique, des hommes du monde à instincts de cocottes, des cocottes femmes du monde, des phrases convenues, beaucoup plus chez les romanciers que chez les gens de la haute vie. Un monsieur énervé qui s’appelle Paul de Véran et qui casse un louis entre ses dents pour oublier une sensation désagréable. Puis, l’Américaine émancipée, mais vierge, laquelle glane les souvenirs amoureux de son futur époux afin de se former une idée générale sur l’amour. (Toujours la mode des multiplications[1] !) On monte à cheval, on en descend, et il y a des nuits de noces, hautes et basses, très exceptionnelles. Un soir, le long d’un bal, Paul de Véran réunit toutes ses maîtresses pour les montrer à sa fiancée. Il y en a vraiment trop. La jeune femme, un autre soir, le nuptial, va rejoindre un Monsieur, plus modeste, qui réunit tous les amants possibles en un seul qu’elle n’a pas et qui la met fort honorablement à la porte. Des tirades à la Bourget, quoique moins mondaines. Des essais de sentimentalités aiguës et un puffisme de plébéien qui pénètre pour la première fois chez la comtesse. L’auteur se tient très bien… mais il finit toujours par casser la potiche, seulement il est le seul à ne pas s’en apercevoir et c’est l’essentiel.

  1. Allusion à l’introduction de Rachilde à la chronique de ce numéro.

Graphie du titre sur l'édition Simonis Empis de 1897