Jean Viollis

L’ÉmoiL’Émoi▼▼

L’Émoi (L’Effort, à Toulouse)

Mercure de juin 1897 pages 568-569

Un roman de 95 pages contenant peut-être l’effort de tout le roman moderne. Il s’agit simplement d’un officier, muni de son billet de logement, qui vient troubler, avec sa rudesse de mâle et ses bottes qui sonnent sur les parquets, l’intérieur paisible d’une vieille fille. Ce n’est ni compliqué, ni ingénieux, ni bien neuf et c’est une merveille. La notation si serrée, si sobre de cet intérieur de vieille vierge, par les très petits détails, la sensation exacte de son chez elle, où des mouches mortes tombent du haut d’un rideau comme des grains de plomb, où le chat se fait les griffes en des petites voluptés silencieuses, tout ce parfum de province intensément renfermé dans un sachet trop étroit, et tellement prodigieux comme force répandue, les moindres petits mots, dits en soupirs plus que prononcés, tout dans ce minuscule agenda de la vie est adorable. J’ajoute qu’il m’est indifférent d’avoir l’air idiot en déclarant que cela sent le chef d’œuvre… mais qui s’en apercevra puisque le livre est édité en province et que l’auteur ne vit pas de la vie boulevardière ! Je ne connais pas M. Jean Viollis[1]. Tâchons tous de connaître son livre, sans même nous occuper de sa préface.

  1. Jean Viollis (Jean-Henri d’Ardenne de Tizac, 1877-1932). Il est surprenant que Rachilde ne connaisse pas Jean Viollis, qui a pourtant écrit deux articles dans le Mercure : « Vie » dans le numéro de novembre 1895 et « Observations sur le naturisme » dans le numéro de février dernier (le naturisme étant ici le mouvement littéraire qui devait remplacer le symbolisme).

L’Émoi (Borel, Lotus bleu)

Mercure de septembre 1897 page 524

Il était de toute justice de donner à ce charmant ouvrage une plus grande publicité.

Il doit y avoir une raison à cette ironique seconde critique, très ironique, pour le même roman alors que la première, parue trois mois auparavant, était déjà très élogieuse. On peut penser à une intervention de Borel.