Fernand Vandérem

La Patronne (Ollendorff)

Mercure d’août 1896 page 350

Fernand Vandérem (Fernand Vanderheym, 1864-1939), auteur dramatique, romancier et critique littéraire a publié chez Flammarion Le Miroir des lettres, recueil de ses articles en huit séries (1920-1929).

À la fin de la critique précédente, Rachilde a noté, assez cruellement : “Nous voici à présent devant le stock des adultères de fin de saison. Je vais liquider avec joie.”

Adultère vu de côté par Vandérem : La Patronne, illustrations de Pierre Vidal (bonnes du reste), livre bien écrit, ton tranchant et je m’enfichisme très dans le train : celui qui raconte ledit adultère n’y participe pas : c’est plus original, car nous avons l’air de guetter au trou de la serrure.

Les Deux Rives (Ollendorff)

Mercure de mai 1897 pages 372-373

Les Deux Rives, de Fernand Vandérem, sont les deux symboles de la grande vie parisienne ; l’une, toute de paix noire, de renoncement, de fatigues cérébrales dans le silence des Musées ou des Écoles ; l’autre, brillante et vide, faite de plaisirs monotones et bruyants, mondaine, amoureuse, plus sensuelle qu’amoureuse vraiment et mauvaise aux faibles. Jean de Tinan a dit de Fernand Vandérem (très jeune jugeant un jeune) : « Il est le meilleur de ces écrivains un peu secs, un peu tendres, un peu gais, un peu tristes, soucieux d’exactitude et atténuant un peu de cynisme d’un peu d’indulgence. » En effet, mais Fernand Vandérem n’avait un peu de toutes ces qualités que dans ses précédentes œuvres. Il en a beaucoup plus dans les Deux Rives, car c’est là une œuvre énorme par la composition. Le défaut de tous, ou presque tous les romans dits à la mode est de ne pas être écrits avec la volonté de produire un résultat d’architecture. Le récit de la passion d’une dame et d’un monsieur ne doit pas être fait spécialement pour chatouiller nos nerfs, encore doit-on faire concourir ce récit à l’ornementation de ce que l’on veut dire — on ne peut jamais dire que cela. — Le juif de la rive gauche, le vieil hébreu biblique luttant contre les entreprises financières des juifs modernes de la rive droite est un type curieux, valant à lui seul la peine d’échafauder une œuvre forte, comme Samson vaut à lui seul d’être placé entre les colonnes du temple pour les ébranler et demeurer roi de la fiction des matériaux péniblement amoncelés. Je n’aime pas Fernand Vandérem dans ce qu’il possède d’art décoratif sur pierre de taille, mais il me paraît tout à coup vraiment puissant dans sa façon neuve de faire surgir un homme.