Anatole de Saint-Aulaire
Rétrogrades (Calmann-Lévy)
Mercure de juin 1898, page 832
Anatole de Beaupoil de Saint-Aulaire (1842-1911).
Tirades nombreuses contre le siècle et les mauvaises passions engendrées par lui. Je vous ferai remarquer, M. le comte, que ce siècle n’a engendré que des vices. La passion, bonne ou mauvaise, est de tous les temps. Un jeune homme oscille entre une vierge et une demi-vierge. Tout fini bien et le papa fait un discours… mais dût-il épouser les deux héroïnes, ça ne lui fournirait pas même une femme. À citer un récit de chouannerie qui est intéressant au milieu de ces flirts.
Chroniques de la forêt de Sauvagnac (Calmann-Lévy)
Mercure d’avril 1899, page 183
Récits de chasse, récits de voyages et de charbonniers. Drames d’émigrés dont les ombres reviennent sous les arbres silencieux. Sent bon les fougères… pour les chasseurs.
Plus fort que l’Amour (Calmann-Lévy)
Mercure de mars 1900, page 772
Ce qui est plus fort que l’Amour, c’est le patriotisme. Je crois que oui, dans les romans ! Ce livre est un excellent guide pour visiter les principaux musées d’Italie. Maintenant je signale une page où l’on nous montre, à l’aide du fait-divers Vacher[1], que, malgré les progrès de la civilisation, un homme peut en France tuer, violer, mutiler trente ou quarante femmes, y compris des petits garçons, sans que la police intervienne et que le moyen âge n’a jamais produit rien d’aussi monstrueux. Cette page de très haute philosophie est non seulement spirituelle mais très intéressante à lire, car, en effet, l’histoire de Vacher est une des plus étranges de notre fin de siècle et elle n’a pas ému beaucoup de romanciers, que je sache.
Joseph Vacher (1869-1898), sergent réformé devenu vagabond, a été accusé d’une cinquantaine d’assassinats. Le film de Bertrand Tavernier Le Juge et l’assassin est directement inspiré de cette affaire.
Entre l’amour et l’amitié (Calmann-Lévy)
Mercure de mars 1901, page 767
On pêche des carpes de dix-huit livres dans ce roman. Et on chasse au milieu des plus beaux panoramas du Périgord ! Et il y a de l’héraldisme à en revendre ! Le sujet : Deux amis au cœur tendre se disputant la même femme, il serait plus juste de dire : se sacrifiant la même femme. Nisus et Euryale ne se séparent pas dans l’amitié, puisque l’un lègue la jeune aimée à l’autre en se sauvant au fond d’un cloître où, sans doute, il priera pour le couple. Ils seront toujours trois… le ménage idéal !