François de Nion
L’An rouge (Simonis Empis)
Mercure de mai 1898, page 547
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Encore 70 !… Quelle série vraiment rouge ! Des illustrations vibrantes et des tas de vaincus héroïques. Le bonhomme simple et farouche qui court sus aux Français de l’armée de Versailles en croyant marcher contre les Allemands est d’une belle allure.
Les Façades (éditions de la Revue blanche)
Mercure d’août 1898, page 519
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Le titre complet de ce roman est Les Façades — Roman d’aventures mondaines. 329 pages
Ce volume est le premier roman écrit avec sincérité sur le monde par quelqu’un qui en est. Le premier devoir d’un homme du monde est de ne se sentir d’aucun monde, mais de demeurer lui malgré son entourage. M. de Nion a très bien tiré parti de l’incendie du bazar de la Charité[1], et le type de la jeune fille qui aide ses parents en se vendant plusieurs fois à son époux est délicieusement trouvé ; seulement je ne me sens pas dans ce qu’on appelle le monde… peut-être parce que cela nous est fermé à tous… Un homme qui écrit a cessé d’appartenir au monde, tel que l’entend le vrai faubourg… où on est bête.
Le quatre mai 1897. Plusieurs romans évoqueront ce drame, dont celui de François Dhers, Monsieur le Prétendant (Victor Havard 1898) et de G. Kérouan, En garnison.
L’Amoureuse de Mozart (éditions de la Revue Blanche)
Mercure d’août 1899, page 498
Une vieille fille de quarante ans est cruellement éprouvée dans son austère vertu par la visite tardive du revenant Amour. Ce revenant prend la forme de Mozart et il lui chante… toute la gamme des sensations juvéniles d’une première possession. C’est la vierge hystérique de Loudun promise aux griffes cruelles du démon pour avoir osé renier la puissance du dieu. Les détails de cliniques et les observations psychologiques sont ingénieusement enlacés. L’auteur conclut au surnaturel de la vie malgré la science, et il a bien raison.
Les Derniers Trianons (Éditions de la Revue Blanche)
Mercure de février 1900, pages 454-455
Le roman tragique et joli des dernières heures de Marie-Antoinette. Mlle d’Arraines, chanoinesse, servante de Dieu et femme de chambre de la malheureuse princesse autrichienne, nous conte, en des feuillets épars dans un meuble de Boule, toute l’histoire d’une fin de règne qu’il est toujours très intéressant de reconstituer. Deux amoureux, l’un frivole et brave officier de ce temps où l’on s’occupait d’un costume pour mourir, l’autre citoyen du Tiers, futur héros des révolutions où l’on se déguise en tricoteuse pour aller sauver un ami, se disputent le cœur de la chanoinesse et, symboliquement, frappent à coups redoublés sur celui de la reine La France, en blouse de linon et coiffée à l’enfant, attend le moment du sacrifice avec simplicité. Mais une France un peu allemande, en Gretchen, trop occupée des menues tartines à distribuer à ses favoris pour se souvenir beaucoup de son peuple : « S’ils n’ont pas de pain qu’ils mangent de la brioche ! » L’écriture de ce livre, celle de son auteur devrais-je dire, est particulièrement bien adaptée à son sujet : un peu cherchée, se cassant en altitudes mièvres et galantes à tous les angles trop durs de la grammaire, elle plaît comme un costume de cette époque tourmentée, où le masque des conspirations vénitiennes s’alliait aux manteaux de cour tout fanfreluches des femmes et au collet sévèrement monacal des nouveaux prêcheurs des droits de l’homme. Le livre se termine par la fuite en exil de la jolie chanoinesse qui laisse derrière elle les cadavres à peine refroidis de ses amoureux… tués par ou pour la reine. Cet ouvrage consciencieusement composé, écrit très curieusement avec une rare délicatesse dans les détails et un habile choix de documents, est peut-être l’un des meilleurs de François de Nion après la Peur de la mort, une fort belle chose non oubliée.
La Peur de la mort, deuxième roman de François de Nion, est paru chez Albert Savine en 1891.
Histoires risquées des dames de Moncontour (Revue Blanche)
Mercure de juillet 1900, page 216
L’auteur semble trouver décidément sa voie nouvelle dans le langage des grands siècles et c’est une joie de le suivre en les mille méandres capricieux de la vraie galanterie française. Il dit leste, mais avec une retenue toute chevaleresque qui nous emporte un peu loin de notre assez sale époque. À citer : L’adultère légitime un petit modèle en le genre esprit de caste.