Jean Morgan
En Genèse (Plon)
Mercure de novembre 1897 page 561
Une histoire d’esthète. Tout en voulant conspuer les cénacles, où s’élaborent toutes les esthétiques, l’auteur ne voit pas qu’il joue lui-même le rôle de Monsieur prétentieux. Sans trop préciser, il fulmine contre des écrivains qu’il n’a pas l’air d’avoir lu. Il est à la fois moraliste néo-chrétien, mystique, symboliste et j’en passe. Il fait partie d’une « élite restreinte souffrant d’une déconcertante complexité d’âme ». Tout cela est un peu énervant, fort bien écrit fort bien pensé, mais ça finit comme ça doit finir : dans le lit d’une femme ! Alors, fallait commencer par là et l’ascétisme vicieux des symbolistes (il leur en veut !) n’a qu’à gagner devant cette pénible constatation. Enfin ce livre, comme son titre l’indique, est une préface.
L’Inutile labeur (Plon)
Mercure d’octobre 1898 page 202
Ce livre n’est pas une histoire mise en tranche, mais un essai de biographie psychologique. Il est lourd, d’une assez grande difficulté de lecture malgré le réel agrément de son style fort poétique souvent. Et puis c’est une femme bien rare que cette Catherine Harmahn, socialiste, savante et type de travailleuse allemande égarée en France. Comment la reconnaître? À la fin, vers sa quarantaine, elle s’éprend d’un jeune homme qui passe, simplement parce qu’il passe sous sa fenêtre et, demeurée vierge, elle comprend enfin que toutes les sciences et tous les orgueils s’évanouissent devant l’instinct, mais il est trop tard pour… conclure.