Julien Mauveaux
Phryné (Charles)
Mercure d’août 1900, pages pages 490-491
Phryné est le premier roman de Julien Mauveaux (1869-1925) greffier du tribunal puis secrétaire de la mairie de Montbéliard.
On nous prévient que celle pâle copie d’Aphrodite fut écrite bien avant Aphrodite et que… c’est meilleur. Si on ne m’avait pas prévenu, je n’aurais pas osé dire qu’en effet il s’agit bien d’une imitation très pâle, car plus historique, du beau roman de Pierre Louÿs. Une seule dignité existe en art : ne pas copier avant. Mais quand ce malheur vous arrive, il ne reste plus qu’à jeter l’œuvre au feu. Maintenant la préface du nommé Eugène Beaulieu, agrégé de l’Université, est le véritable désastre, car l’œuvre est écrite, historiquement parlant, avec toute la conscience d’un honnête écrivain dont l’imagination n’est fichtre pas malsaine. Seulement le Zoïle du début nous flanque une telle douche que nous nous sentons capable de parti-pris. Ce Monsieur n’a jamais vu, « dans l’histoire, des reines s’éprenant de roturiers ou de très pauvres gentilshommes ». D’où il est nécessaire de conclure, pour consoler son ami, qu’il ignore aussi bien l’histoire de Catherine de Russie que celle des filles du régent, et que, par conséquent, le grec de Pierre Louÿs peut lui sembler déplorable. Agrégé, agrégat, conglomérat, adhérence et banc d’huitres ! Le pédantisme est une chose extrêmement dangereuse pour les petites Phryné passées, présentes ou à venir.