Georges Mareschal de Bièvre
Tante Bébé (Plon)
Mercure de novembre 1898 page 454
Lorsqu’un auteur a un nom aussi étourdissant, il couche généralement à la porte de tous les éditeurs. C’est dédié au comte de Dienne et c’est une demoiselle presque toujours vêtue de linon rose qui raconte ça. Vous entendez la chanson d’ici, hein ? Pas plus mal écrit qu’un autre volume pour gens du monde ; c’est honnête, parfumé, gentil, attendrissant. On dirait le paravent de chez Liberty.
Reine-Bicyclette (Plon)
Mercure de septembre 1900, pages 761-762
Ce n’est pas le premier roman écrit sur la machine à coudre les routes et ce ne sera pas le dernier. Nous aurons aussi : l’impératrice-automobile et le pape-train-électrique, je l’espère bien. L’auteur de Reine-Bicyclette a réuni des jeunes gens et des jeunes femmes amoureux les uns des autres tout en pédalant et en se disputant des prix au vélodrome, absolument comme ils seraient amoureux sans pédale, et puisqu’il faut un cadre à l’amour je ne vois nul inconvénient à ce qu’on se serve de celui d’une machine Clément ou de toute autre marque. On épuise toutes les comparaisons d’usage pour indiquer que la bicyclette est supérieure au cheval, sinon comme esthétique, au moins comme rapidité. Le roman est intéressant, écrit avec une certaine pureté d’intention, c’est-à-dire qu’on n’y donne point l’adresse des meilleures maisons de fabrication anglaise ou française, mais je ne peux pas m’habituer à l’évolution mécanique de ces amoureux sans avoir envie de remonter sur le cheval, noir ou blanc, des antiques légendes. La bicyclette a quelque chose d’inhumain qui n’atteint jamais au surnaturel. Elle n’est pas parente d’un dieu en aucune façon, elle est reine mais par le métal… et une bicyclette, serait-elle d’or pur, ne m’évoque bien sincèrement que la roue de la Fortune… Jamais, oh non, jamais les ailes de Pégase ! Relevons, au sujet de cette Reine-Bicyclette, une anecdote un peu crue que l’on m’a rapportée dernièrement de la part d’un très vieux général, pas ministre de la guerre encore[1] : quelqu’un lui disait, entre hommes, que cet instrument était plus propre que le cheval, car il n’était pas sujet aux… besoins impérieux et naturels.
« En effet, répondit le vieux dur à cuir, votre bicyclette n’est pas capable de… , aussi fait-elle bien plus remarquer la saleté de celui qui la monte… puisqu’il est tout seul à… » — Il faut se défier des puretés métalliques le jour, surtout, où il n’existera plus que celles-là !
Vraisemblablement Gaston de Galliffet (1831-1909), massacreur de la Commune, démissionnaire en mai 1900.