Albert Leune
Tourmente d’or (Mercure)
Mercure de novembre 1900, page 489
Orné d’un frontispice de J.-M. Valton.
Lien Gallica
Victor Hugo, Discours sur l’Afrique, dans Actes et paroles, IV : Depuis l’exil, 1876-1885. Ces propos sont tenus le 18 mai 1879 au cours d’un banquet en l’honneur de l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Peu suivront.
Une fresque décadente oubliée ou… rajoutée à Pompeï par quelque peintre malicieux. Décadence de mœurs, décadence de style et décadence de ce qu’il est convenu d’appeler la morale. Chrysal est la ville où l’on finit par s’embêter ferme de trop s’amuser. Une foule de jolies femmes forment guirlandes. Les unes se tordent, les autres se donnent, presque toutes sont habillées par le grand tailleur à la mode Pierre Louÿs. Il y a, dans le coin à gauche, le lys, le lys pur, la vierge qui voudra épouser l’anarchiste ou le démoc-soc assez intègre lui-même pour oser s’en emparer. Seulement, la terre tremble ; il y a des précipices insondables, les voleurs et les honnêtes gens, y compris les amoureux, roulent au fond des crevasses tandis qu’un voile de cendres… (Quelques arpèges !) Apothéose du lys et du grand dévoué Sombrow. Revoile de cendres. Ce roman, dont l’éloge n’est plus à faire puisqu’il parut au Mercure et que les lecteurs l’ont encore présent à leur souvenir, ne pèche que par quelques petits détails que je signale à l’auteur simplement en ombres qui fournissent du lustre au tableau. Ainsi je n’aime pas bien que « cet embrasement naissant de rayons ambrés jette sur Chrysal une majesté solennelle comme une nuit ». Il faut laisser à Victor Hugo la gloire d’avoir trouvé qu’un excès de soleil est un excès de nuit[1] et j’aime encore moins l’étourdie jeune fille qui « pousse un faible spasme » en mourant. Mais si c’est là un premier livre2 c’est bien peu de défauts, ce n’est même pas assez de défauts en regard de toute l’élégante habileté du reste.