Henri Gréville

Viloré▼ — Petite princesse▼▼ — Zoby▼▼▼

Villoré (Plon)

Mercure d’août 1898, page 517

Henry Gréville est le pseudonyme d’Alice Fleury (1842-1902). Le titre complet de son roman est Villoré : snobs de province. 276 pages.

  1. « un » haute-laine, avec ou sans tiret, est un tapis dont les brins n’ont pas été tondus.

Des Snobs de province et bien trop vieux jeu. Une moralité mondaine des plus haute-laine[1], véritable tapis de douceur placé sous les pieds des gens assez heureux pour s’être donné la peine de naître. Une jeune fille peut lire et s’abuser sur le monde, avec cette idée que les artistes sont destinés à faire ressortir la bonne tenue des gens qui l’habitent.

Petite princesse (Plon)

Mercure de septembre 1899, pages 781-782

Famille russe et de grande aristocratie (vaisselle plate, coupe de cristal taillé). Jeune fille à la fois légère et philosophe, une enfant, mais la raison d’un vieux pilote (costume genre tailleur gris pâle et voiture de fleurs blanches pour carnaval de Nice). Jeune premier ingénieur et de maison noble ruinée (s’occupe de chimie, veston taché d’acides quoique de coupe irréprochable). Entre temps on marie le jardinier avec une fille de chambre comme aux époques féodales. Feux d’artifices, détonations chimiques et grand danger couru par le noble ruiné, mais ingénieur. Il épouse à la fin, parce que la petite princesse n’a plus le sou, cependant… revaisselle plate et recoupes de cristal taillé où l’on boit au bonheur des jeunes gens. Cette histoire simple et du meilleur goût est, je crois, destinée aux vieilles filles qui désirent ne pas voir la vie telle qu’elle passe sous leur fenêtre.

Zoby (Plon)

Mercure de juillet 1900, pages 215-216

Un très attachant roman assez loin de la manière un peu terne et trop… mondaine de l’auteur. Zoby est une petite violoniste, ayant du sang de tsigane dans les veines, qui corrompt le pauvre cerveau d’honnête homme d’un maître de chapelle de Gand, José Tarragone. La silhouette du frère de la petite, un enfant qui meurt en chantant au lutrin, est une très jolie chose à la fois pure et perverse, peu appuyée, très, mais très littéraire sinon réaliste. La figure de l’épouse, celles des grands enfants dévoués, de l’ami, un peu brusque, de la maison sont des plus réussies. Vers la fin du livre une fort belle scène, simple et triste, quand le père meurt gâteux, après avoir fait le malheur de toute sa famille et qu’il demande si on a quelque chose à lui reprocher. Alors, la mère aux cheveux blanchis par la douleur, la fille désespérée, le grand fils navré répondent tous dans une entente vraiment grande : « Non, tu ne nous as jamais fait de peine. » Pendant ce temps, Zoby joue du violon et racle pour d’autres la corde sensible.