Jacques des Gachons
Le Prince Naïf (spectacle)
Mercure de février 1895 page 234
Lumino-conte comprenant 32 décors d’André des Gachons.
Lumino-conte de Jacques des Gachons, 32 décors d’André des Gachons.
Les deux auteurs du Prince Naïf, Jacques et André des Gâchons, nous ont conviés, le 16 janvier dernier, à une soirée fort intéressante et qui pourrait bien devenir le point lumineux de l’avenir théâtral. À ce lumino-conte d’une naïveté tremblotante et claire comme celle de la goutte de rosée que caresse le soleil, de la goutte d’eau modeste mais cependant pouvant contenir tout le soleil, nous avons entraperçu ce que serait véritablement le grand théâtre des raffinés intellectuels si on arrivait enfin à le débarrasser des trop réels acteurs inintelligents (toujours !), des trop réels décors brutalement imposés, et surtout des trop réelles paroles dites directement.
Au son de la musique charmeuse d’Henri Quittard, voilée de noir comme celle d’une marche funèbre, des deux voix alternées de Rose Syma et de l’auteur de la pièce, dans une obscurité mystérieuse où les souffles des jolies femmes, très en nombre ce soir-là, formaient un acquiescement de brise parfumée, à la douceur de la symphonie, le Prince Naïf a vécu sa vie transparente et pure.
On a applaudi particulièrement les tableaux du porche du château maudit donnant sur l’immense mer triste, la porte sanglante du cachot, la princesse aux yeux clairs, et ceux des sept péchés capitaux (très original celui de la colère avec une femme livide suspendue par les pieds dans une mare de sang).
En lever de rideau, un poème de M. Docquois, une allégorique-réclame pour je ne sais quel élixir (Ô grand journalisme, ne perds jamais tes droits !) et que quelques-uns prirent pour le prologue de la pièce suivante… Dans la salle — le hall des Cent, 31, rue Bonaparte — beaucoup de peintres de toutes les écoles qui tous sont revenus du pays lumineux enchantés. Ajoutons que les pères peuvent sans danger conduire leurs filles à ces chastes visions.
N’y touchez pas (Société française d’imprimerie et de librairie)
Mercure d’avril 1899, page 184
Petit roman très spirituel et par conséquent non exempt de malice, n’en déplaise à l’auteur. Moral sans pédanterie, d’une moralité même très hardie sous son apparence bon-enfant. Un type de vieux raté défloreur de cœur et la figure d’un cher Maître, absolument redoutable, qui sont dépeints avec un soin… diabolique. (On les reconnaît !) Madame de Mauvière est un délicieux petit animal libre, d’instincts plus honnêtes que ceux de certaines perruches apprivoisées qui crieront au scandale devant elle ; cela finit bien, dans le bon décor fleurant le renouveau.