Édouard Conte
L’Enfer (Société libre d’éditions)
Mercure septembre 1899, page 781
La couverture porte cette inscription : « Et moi aussi j’ai plongé dans l’enfer du journalisme ! (Alexandre Dumas fils) »
Il s’agit du journalisme. Rien de bien exagéré dans ce journal… de leur turpitude. Dans une préface loyale, l’auteur se demande ce qu’ils pourront dire de son œuvre. Soyez tranquille, cher monsieur, ils auront le cynisme de s’avouer que vous êtes fort anodin. Ils se savent tous plus sales que ça et ce dont je vous blâme, moi, c’est d’avoir pris la précaution de masquer leurs noms. Léon Bloy les écrivait en toutes lettres, lui. Et ça les faisait rigoler. Non, le journalisme contemporain n’est pas un enfer, c’est simplement le dépotoir où tombent les ratés de toutes les classes de l’humanité, y compris celle des littérateurs, malheureusement. Il ne faut pas s’étonner de la somme de malpropretés qu’on y trouve, car le raté est le plus venimeux de tous les reptiles. La presse, cette universelle puissance, est simplement le chantage organise, toléré, admiré sous toutes ses formes. Je vous féliciterai, cher monsieur, d’en être sorti, mais ne dites plus : de l’enfer. En enfer, il y a Satan, le premier des révoltés, donc un créateur ; dans la presse je ne connais que des plagiaires… ou des domestiques.