Albert du Bois
Athénienne (Dentu)
Mercure de février 1897 page 39i
Et, pour le bouquet, Athénienne (Amours antiques), du comte Albert du Bois. Sous presse, du même auteur : Leuconoé (Sparte), l’Éphèbe (Corinthe), Éternité ! (Byzance). Et du grec à toutes les pages du volume, du grec en tas, sans se soucier des malédictions de l’imprimeur, car, pour l’amour du grec[1], chacun sait que les imprimeurs ne souffrent guère qu’on les embarrasse, et puis des crucifiements, des petites images à brûle-parfum et à trépieds, des autels de Vénus, des évocations à l’Aphrodite de Praxitèle, qui font inévitablement songer à celle de Pierre Louÿs. Je crains beaucoup, pour l’auteur, ce dernier rapprochement. C’est aussi mœurs antiques[2], sauf le génie de la dite antiquité. Il y a un Grec qui dit à une Grecque : « Tes désirs sont pour moi des ordres ! » et quelques aventures de cape et d’épée qui ne dépareraient pas un bon roman de chevalerie. Je sais bien que le grec des épigraphes est là pour nous remettre sur la trace, mais le tour de main ne nous donne, toujours, qu’un petit pot moderne à la place de l’amphore. Il est correct de croire que M. le comte Albert du Bois avait écrit son Athénienne avant l’Aphrodite de Louÿs et que, par conséquent, eût-il fait une œuvre médiocre, il a le droit de nous dire, en frappant sa vitrine : « Moi aussi j’ai quelque chose là ! » Seulement la rubrique : sous presse et en préparation m’épouvante pour lui… Cette subite éclosion de mœurs antiques ne va-t-elle pas faire prétendre, une fois de plus, que notre vieille noblesse française a un goût prononcé pour la spéculation, et qu’elle finira par s’emparer de toutes les manufactures ?
Trissotin : Il a des vieux auteurs la pleine intelligence, / Et sait du grec, Madame, autant qu’homme de France.
Philaminte, à Bélise : Du grec, ô Ciel ! du grec ! Il sait du grec, ma sœur !
Bélise, à Armande : Ah, ma nièce, du grec !
Armande : Du grec ! quelle douceur !
Philaminte : Quoi, Monsieur sait du grec ? Ah permettez, de grâce / Que pour l’amour du grec, Monsieur, on vous embrasse. Molière, Les Femmes savantes, acte III, scène V.Allusion au sous-titre de l’Aphrodite de Pierre Louÿs, paru au début de 1896 après être paru, sous le titre L’Esclavage dans les numéros du Mercure d’août 1895 à janvier 1896.
Cette critique est la dernière de ce numéro.