René Bazin

La Terre qui meurt (Calmann Lévy)

Mercure d’avril 1899, page 181

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Voici un ouvrage très remarquable. Ce qu’on a écrit de plus vrai, de plus sérieux et de plus sain sur la Terre. Celle qui meurt c’est la Vendée pauvre, mal nourrie et mauvaise nourricière, en dehors des mouvements sociaux, où, achevée par ceux-ci, la terre de noblesse et de foi dont les mamelles sont taries pour avoir donné, d’un seul coup, son sang avec son lait. Un vieux paysan a trois fils et une fille, une petite enfant douce qui s’énamoure simplement d’un valet de charrue. L’aîné de ces solides gardons devient infirme, le cadet se loue à la ville, déserte, et le beau chasseur d’Afrique ne revient que pour constater la tristesse d’un pays trop étroit aux gestes qu’il veut tenter. Rousille, le petit grillon du foyer, reste seule et elle épouse son valet. La terre se meurt en la noblesse qui s’en va. On ne peut espérer le renouveau dans la mésalliance. Ce livre est écrit sans aucun parti pris, chacun peut y voir sa terre préférée et conclure autrement que moi parce que le talent d’un narrateur est dans sa réserve vis-à-vis du public. René Bazin donne la terre qui meurt, mais ne déclare pas, d’avance, qu’il l’empêchera de mourir. Ce roman n’est pas un roman ni une thèse : c’est de l’histoire contemporaine seulement si parfumée de belle vérité, si sobre d’oiseux détails qu’il vous fait du bien à l’âme… Et je ne connais guère d’auteur qui, de ce temps-ci, vous aille jusque-là !

Croquis de France et d’Orient (Calmann-Lévy)

Mercure de janvier 1900, page 197

Comme on le comprend, ce compte rendu est le dernier de la chronique.

Très amusant récit à détacher de ses jolies nouvelles, intitulé : L’avant-dernière lionne. Une chasse au Sahara où l’on a peur avec simplicité de madame la lionne survenue trop tôt… ou trop tard, l’enthousiasme une fois refroidi.

Maintenant à signaler les traductions parues des romans suivants : Résurrection, par le comte Tolstoï ; Jonathan Larsen, par P. F. Rist ; La Conquête de Rome, par Matilde Serao ; Le Naulahka, par Rudyard Kipling, et Les Malavoglia[1] par Giovanni Verga.

  1. Pour Résurrection, traduction du russe par Teodor de Wyzewa chez Perrin (deux volumes). Pour Jonathan Larsen, traduction du danois par Sten Byelke et Sébastien Voirol pour Maisonneuve. Pour La Conquête de Rome, traduction de l’italien par Charles Laurent pour Paul Ollendorff. Pour Le Naulahka, traduction de l’anglais par Charles Laurent (le même ?) Pour Les Malavoglia, traduction de l’italien par Édouard Rod pour Paul Ollendorff.