Victor Barrucand

Avec le feu (Fasquelle)

Mercure de de juillet 1900, page 212

On ne confondra pas Victor Barrucand avec Léon Barracand.

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Un des bons livres romanesques écrits sur l’anarchie. De plus un des rares livres écrits en langue française sur ce même brûlant sujet. Le type de Robert, ce garçon à bouche mince qui passe dans les milieux d’art où l’on parle du feu sans le connaître, porteur vraiment du feu sacré qu’il va éteindre avec sa propre vie dans l’eau après avoir obtenu la fortune, est d’une solide et belle conception. Le musicien, l’auteur d’une Mélusine injouable, toute sa famille, sa fille si belle et si naturelle dans son rôle d’égoïste pure, les gens de lettres comme Meyrargues, les gens de proie comme Mariette si gracieusement et si librement amoureuse, sont des êtres vrais, sans aucune aventure qui gêne leur évolution fatale ; ils ne font que ce qu’ils doivent faire : ils jouent avec le feu et Robert va en mourir fatalement, car le feu qu’il croit avoir jeté, une nuit, dans la Seine, il l’a gardé au fond de son cœur blessé par les normales trahisons. C’est le feu sacré de ceux qui rêvent la gloire ou désirent follement servir les grandes causes On triomphe ou l’on sombre corps et âme. Heureux ceux qui peuvent, en s’en allant, serrer sur leur poitrine la dernière et humble fidélité d’un chien !