Rossignol
Les Mémoires de Rossignol (Ollendorff)
Mercure d’août 1900, pages 487-488
Le titre complet de ce roman est Mémoires de Rossignol, ex-inspecteur principal de la sureté. On ne confondra pas ce livre avec celui de Victor Barrucand : La Vie véritable du citoyen Jean Rossignol paru chez Plon en 1896 et non chroniqué par Rachilde.
Où allons-nous, si tous les agents de la sûreté mangent le morceau sous couleur de littérature ! Mais rassurez-vous, ce n’est pas de la littérature et c’est absolument intéressant. Rossignol parle de temps en temps la langue du père Ubu et il a belle envie de s’en aller après avoir tué tout le monde, y compris ses chefs. C’est amusant au possible. Les grands crimes y sont contés par le menu avec pièces anatomiques et justificatives à l’appui. Rossignol qui est peu endurant passe à tabac les récalcitrants, surtout les chefs, et on finit par l’apothéose obligatoire de la pêche à la ligne après avoir noblement pêché l’homme dans toutes les eaux troubles du monde. À signaler pourtant à l’ex-agent Rossignol une inexactitude de rapport. Pranzini ne possédait aucun poil sur la poitrine. Je tiens le détail d’une femme fort comme il faut, ou comme il en faut, dont la police était mieux faite que celle du gouvernement, au moins en ce qui concernait les chéris magnifiques. J’entends d’ici M. Rossignol bougonner, histoire de ne pas rester court : « La belle affaire ! Ces levantins-là ont la coutume de s’épiler quand ils vont dans le monde ! » Vous avez un flair merveilleux, monsieur Rossignol. À la vôtre !