Lucien Priou
Coups de Gueule (Grasilier)
Mercure d’octobre 1894 pages 179-180
Sous le titre, un peu trop hurleur, et une couverture quasi mystique représentant un jeune christ agonisant devant une petite femme nue, l’auteur nous offre une tranche assez succulente d’anarchie littéraire. L’argent l’amour, ces deux nerfs de l’éternelle, guerre humaine y sont tendu à tout rompre, et Jean, le déshérité, pâle crève-la-faim intellectuel dont les goûts se rapprochent, hélas, de ceux de ce pauvre Alfred de Musset, exécute sur ces deux cordes des sauts vraiment périlleux, ou des variations poétiques pleines de sanglots. On sent que ce Jean est un être bon, très naïf, et on ne peut pas s’empêcher de regretter que des lectures malsaines aient détérioré cette excellente nature d’homme primitif aimant à la fois les belles femmes et les franches lippées. À son chant de la Dêche, le meilleur morceau du livre, on ne lui répondra certes point qu’il a tort de se mettre en frais pour clamer le cri universel, mais bien qu’avoir faim, en somme, ça manque de nouveauté.