Narcisse Oller
Le Rapiat (Nillson)
Mercure de mai 1899, pages 467-468
Traduit du catalan par Albert Savine.
En fait Albert Savine (1859-1927) est ruiné depuis 1897 après avoir fait tout ce qu’il fallait pour ça, ce qui l’a conduit à vendre son fonds à Stock. Il n’a pas inventé Drumont mais l’a bien copié avec une littérature antisémite. Indépendamment de cette traduction du catalan (Savine est né à Aigues-Mortes), il a effectué pour survivre de nombreuses traductions depuis l’anglais et l’espagnol.
On préférera l’orthographe Joaquim Mir (1873-1940) peintre espagnol.
Ex-grand éditeur, M. Savine, qui fut le bon génie de toute une jeune génération d’auteurs maintenant arrivés, a délaissé les soucis de l’édition pour se consacrer à la littérature[1]. Du reste, bien plus capable de causer art et science avec ses auteurs que de s’occuper de commerce, il nous semble devenu simplement raisonnable ; ensuite, un éditeur qui a inventé Édouard Drumont peut se retirer des affaires, même en supposant qu’il n’ait pas gagné gros à son invention ! Donc, le Rapiat est un curieux type d’harpagon espagnol, très fouillé, très vivant et très romantique. Le style sobre donne l’idée du bon Zola d’antan. Le mariage de l’avare avec la femme du notaire, autre avare, et leur vie dans un vieux château plein de rats est un morceau fort savoureux. Le livre est coquettement édité, illustré par Joaquin Mir2. Beaucoup de luxe autour de ce Rapiat, depuis la traduction jusqu’à la couverture.