Peter Nansen

Marie (Éditions de la Revue blanche)

Mercure de décembre 1897 page 888

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Un roman danois mélancolique, ironique et érotique. Il paraît qu’en Danemark ce roman est une sorte d’épopée amoureuse que tout le monde doit avoir lue. En voici la donnée singulière : « Par beaucoup, à l’Unique. » Toutes les expériences d’amour du héros le conduisent à mourir en sortant d’une cérémonie nuptiale où il vient d’épouser une réelle Marie, pour aller rejoindre l’autre, la Marie, refuge des pécheurs. C’est une prostitution de plus, et comme elle est éternelle, les vraies Marie ne l’excuseront guère. Cynisme nouveau ? Je ne crois pas à la nouveauté d’un cynisme et j’avoue ne pas aimer du tout ce livre, soit que la traduction en enlève certaines indispensables qualités de terroir, soit que le style, trop ironique, me défende l’attendrissement final. Par exemple, les illustrations de Pierre Bonnard sont ce qui peut se faire de mieux comme nouveau cynisme… d’art. Chaque fois que l’auteur raconte que sa bien-aimée est un trésor de grâces, le dessinateur met en regard du texte le portrait d’une petite guenon. C’est exquis.