Charles Max

Devant la vie (Éditions de La Plume)

Mercure de juin 1898, page 833

Il y a une préface… oh, les préfaces !… de Louis Lumet. Une salade russe des noms les moins faits pour se trouver ensemble. Édouard Drumont, Adolphe Retté, Octave Mirbeau, Léopold Lacour, Clemenceau, Lucien Descaves, Blanqui, Maurice Barrès, Moloch, Baffier, Paul Adam, les frères Pellontier, la Plume, le Mercure de France, l’Ardèche littéraire… et d’autres encore, pour arriver à parler de Devant la Vie en trois lignes vers la fin et à en dire plus de mal que de bien. Louis Lumet écrit des choses de ce genre, au courant du stylet : « Les poètes qui triturent leurs vers subtils sans se mêler au peuple et la nature, principes de tout art ! » Le peuple ? Tu crois ?… Plus loin : « M. Henry Bauër, fougueux paladin qui broie, de sa logique imperturbable, les préjugés et les vilenies collectives. » Tu parles !… On envoie à M. Louis Lumet, de province et même de l’étranger, les missives d’hommes ardents qui se groupent décidés à marcher sur nos traces. Mes félicitations à M. Louis Lumet, il m’a tout l’air d’un chef de parti. Nous n’avons qu’à nous bien tenir si nous n’aimons pas le peuple ! Devant la vie est un jeune homme qui possède une amante symboliquement appelé : Harmonine. Tous les deux ont des extases sur les beautés de la nature et des indignations assez naïves à propos des compromis sociaux. Touchants dialogues entre deux gosses qui balbutient, ivres d’une récente lecture des philosophes à la mode, et fourrent des majuscules partout à cause de l’enfantillage même de leurs pensées. Cela fait songer au collégien sentimental découvrant la solution d’un problème d’algèbre en baisant sa bonne. Mais c’est en meilleur français que la préface.