Roland de Marès
Baisers d’avril, baisers de sang (imprimerie Constant Dumont à Bruxelles)
Mercure de février 1898, page 542
Roland de Marès est bien sûrement issu de cette race espagnole dont les Flandres possèdent encore tous les échantillons humains. Il est fougueux, très du midi pour le mot et pour l’idée, et il aime à faire flotter haut la phrase comme une plume à la ganse d’un sombrero. Le porteur de torche doit prévenir la ville du danger qui la menace, mais la courtisane Tania est venue le tenter et il s’endort fatalement dans ses bras, va noyer tout son courage dans les ondes immenses de sa belle chevelure. La torche est depuis longtemps éteinte et le feu sacré va certainement mourir. Un son de cloche le ranime. Il s’aperçoit de la ruse et saisissant la courtisane d’une poigne vigoureuse il la lance, la tête la première, dans le foyer. La chevelure s’enflamme, se déroule comme un étendard de flammes. Il a donc enfin reconquis sa torche et, victorieux, il élève au-dessus de lui la femme flambante, le signal qu’on attend de son courage. Il y a des choses plus douces, au courant de ce petit livre, mais la note dominante est celle-là. Vous semble-t-il toujours qu’on se rappelle des choses qui n’ont jamais été, Roland de Marès ? Vous vous les rappeliez, je crois, les autodafés espagnols. Et… ils sont fort beaux, ma foi !