Eugène Le Roy

Jacquou Le Croquant (Calmann-Lévy)

Mercure d’avril 1900, page 197

Ce roman a été publié en feuilleton dans les cinq numéros de La Revue de Paris du quinze mars au quinze mai 1899. Les plus anciens d’entre nous se souviennent encore du prodigieux succès rencontré par l’adaptation télévisée de Stellio Lorenzi en six épisodes de 90 minutes diffusés à l’automne 1969.

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  1. Rachilde est née et a passé toute son enfance et son adolescence dans le Périgord.

Un roman de couleur locale qui est très réussi, en ce sens que toute l’histoire d’un pays, ancienne et moderne, se trouve restituée par un simple récit d’homme du peuple, de Jacquou le Croquant, dans lequel on ne voit pas trop percer la volonté bien arrêtée de l’auteur de vous promener au milieu de Périgord[1]. Jacquou est l’âme même de ce pays farouche, j’entends l’âme honnête (car il y a plus de bandits en Périgord que d’honnêtes gens !) Ce n’est un mystère pour personne que les pays poétiques par excellence sont généralement dépourvus d’instruction laïque ou obligatoire et aussi… de sens moral. Donc Jacquou est en guerre tout seul contre la noblesse de là-bas. Son père a tué un intendant voleur de cette même noblesse et, plus tard, pour venger ce père, le fils incendie un château. Tout le monde est dans son droit et Jacquou aurait bien envie de réparer en épousant la fille des incendiés. Très jolie intention, à peine esquissée du vengeur pour la victime. Mais il épouse plus bas, faute de noblesse réelle qui lui permettrait, un jour ou une nuit, de se sentir vraiment le plus fort. La demoiselle lui ayant montré un couteau… il n’a pas osé lutter avec de semblables parchemins… et cela se comprend. Périgueux, la ville presque asiatique, ornée d’une cathédrale et de promenades qui n’ont pas leurs pareilles au monde, est décrite merveilleusement, les moindres usages campagnards et les sites célèbres des environs, manoirs, couvents ou ruines sont relatés pieusement. Je ne connais pas de livre mieux fait et plus intéressant à lire. Maintenant… il reste à publier le roman de la noblesse périgourdine en face des croquants de leur pays !… Il est entendu que nous adorons, tous, les paysans, le peuple et en général ce que nous appelons nos inférieurs… mais quel sale monde, surtout en Périgord ! Et j’admets volontiers que les plus honnêtes se contentent d’incendier un château pour la bonne cause… ayant vu les autres à l’œuvre.