Hubert Krains
Amours rustiques (Mercure)
Mercure de juillet 1899, page 183
Le Torrent est une comédie dramatique en quatre actes que Maurice Donnay vient de créer, le cinq mai à la Comédie Française avec Coquelin cadet, Le Bargy et Georges Berr, sans grand succès, semble-t-il.
Trois nouvelles dans le genre réalité sans rien de convenu ni de… naturaliste. Style grave mais simple, empli d’une douceur qui est comme l’expression d’une bonne conscience d’artiste. C’est trois histoires de pauvres gens ayant tout l’air d’être arrivées. Un misérable instituteur de village s’éprend d’une Circé campagnarde qui attire chez elle des hommes pour achalandée son commerce de boissons, et il y devient alcoolique, n’y pouvant demeurer amoureux. Le fils d’une paysanne séduite par un grossier manieur de bêche, Toine, l’âme de la maison, meurtrit l’âme de sa malheureuse mère, qui n’existe que pour lui, en tuant un rival, un jour de saoulerie. Puis, plus élevé, d’une psychologie plus fine, le Moulin Sans-Souci où l’on voit mourir sous la roue, comme l’héroïne du Torrent[1], une femme lasse de rester sans amour, et par conséquent sans-souci, sur la terre ferme du mariage de raison. Hubert Krains est un des bons écrivains sérieux de la Belgique, donc français.