Henri Frémont

Mon crime (Ollendorff)

Mercure de mai 1900, pages 477-478

Il faut préciser que ce n’est pas ce roman qui a été adapté au cinéma en 2023 par François Ozon mais la comédie de Georges Berr et Louis Verneuil créée en mars 1934 au théâtre des Variétés, avec Edwige Feuillère.

Sous une horrible couverture tachée de sang (décidément le rage de l’illustration va trop loin !), un roman curieux, documenté tout entier par la sombre histoire d’un criminel qui a tué ses deux petites filles sous prétexte de jalousie. Il me paraît difficile de réfuter les arguments d’un criminel qui a expié ; seulement, tout en reconnaissant que ce sombre jaloux avait quelques raisons de tuer, pourquoi diable a-t-il choisi de préférence ses deux petites innocentes au lieu et place des deux coupables ? Pure invention de romancier ou réel journal de condamné à mort, je n’arrive pas à comprendre cette singulière thèse humanitaire qui consiste à fuir la tentation vraiment humaine pour accomplir le forfait entre tous inutile. Mais si Jean-Louis Derlinder était jaloux, il était également lâche : il avait peur de l’autre ! N’en déplaise à l’auteur d’un roman fort intéressant, on a bien fait de le condamner à mort. Il serait agréable de vivre dans un pays où l’on guillotinerait les poltrons, les alcooliques et les imbéciles tout en laissant vivre quelques criminels intelligents.