André Fontainas

L’Ornement de la solitude (Mercure)

Mercure de juillet 1899, page 183

  1. 94 pages.

Autre poète qui, celui-là, se soucie peu de plaire à la foule. Je ne pense pas qu’il faille analyser ce petit livre[1] gros de pensées comme un cœur l’est de larmes. Les lecteurs du Mercure m’en voudraient sans doute de parler après l’auteur qui s’excuse lui-même de ne pas trouver mieux que le qualificatif de roman à placer sur le couvercle de la tombe d’Enide.

Dans cette œuvre il y a deux aspects : écriture et peinture. Il faut voir la forme de la phrase accusant le contour de la pensée. La ponctuation, comme chez Mallarmé, loin d’embrouiller certaines perspectives d’idées, les éclaire d’un jour nouveau, où seuls, des ignorants ont à prétexter des anciens rites. Du reste, sous l’enroulement souple et toujours gracieux des phrases qui portent sur leurs jeunes faces comme des rides, c’est à-dire de simples plis de voiles mis par les pudeurs excessives du poète, on rencontre les traits connus, aimés des idylles chères aux lectrices, savoir : la dame que l’on attend dans les allées du Bois et qui fut elles toutes… pour la beauté, le charme des vêtements, la coquetterie perverse ou câline. Ce jeune poète court au rendez-vous et y porte ses désenchantements ou ses ambitions naïves, et je ne sens pas ce livre-roman très différent des autres romans-livres, sinon qu’il est plus petit c’est-à-dire fait avec plus de soin !