Joseph Esquirol
À mi-côte (Stock)
Mercure d’octobre 1898, page 203
Lire à ce propos l’article de J.-K. Huysmans dans les deux premières colonnes de L’Écho de Paris du 24 août 1898.
Dans les mois qui viennent Rachilde utilisera souvent cette expression, de manière hélas fautive. Le mot français us, souvent utilisé dans us et coutumes, ne s’utilise qu’au pluriel.
Durtal est le principal personnage de quatre romans de J.-K. Huysmans : Là-Bas, En route, La Cathédrale, et L’Oblat.
Inspiré visiblement par les œuvres de Huysmans à qui le livre est dédié[1], ce journal d’une vocation manquée est intéressant par l’effroyable égoïsme qui s’en dégage. Rien ne peut émouvoir le type de ce triste héros des séminaires, sinon la musique le chatouillant à fleur de peau et la vue de quelques primitifs du Louvre (selon l’us !)2. Durtal[3] est violent et a aimé, physiquement, du moins. Celui-là se tait sur tout le poème de la chair et ce silence fait presque peur tellement il nous doit cacher de turpitudes. En réalité il songe à se faire prêtre parce que ça l’ennuie de vivre à la campagne !… Oh voit bien que pour ces gens-là Dieu n’est pas la nature ! Les descriptions de la vie au séminaire d’Issy sont extrêmement remarquables comme art, cyniques comme résultat religieux. Georges est un Monsieur malfaisant qui n’aime que lui et il est irrévocablement un médiocre car, chose abominable, il rit, non, il rigole de toutes les choses niaises qui devraient le faire pleurer. On ne saurait croire combien ce rire innocent et fade est atroce tout le long de ce livre. Nous aimons Durtal pour ce qu’il contient d’art et de tristesses, mais ce Georges ne contient que du vent, comme les démons très inférieurs. L’œuvre elle-même est loin d’être médiocre. C’est, de plus, un roman sans femme et il repose, je vous assure. Cependant, si vraiment Dieu est pris par les croyants pour une pension de famille où l’on peut être mieux qu’au sein de sa famille réelle… je me demande de quelle tête il voit venir ses petits enfants ! Pauvre bon Dieu, va !