de Chabot

La Chasse à travers les âges (Arthur Savaète)

Mercure de janvier 1899 pages 200-201

Ce compte rendu n’est pas paru dans la rubrique des « Romans » mais dans celle des « Notices bibliographiques ».
Ce livre n’est pas un roman. Il est sous-titré : « Histoire anecdotique de la chasse chez les peuples anciens et en France depuis la conquête des Gaules jusqu'à nos jours ».
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Avec un soin pieux de fervent de cet art si ancien : la chasse, car ce fut plus un art qu’un sport, jadis, le comte de Chabot suit les voies chaudes depuis les premiers âges du monde jusqu’à nos jours, se faisant accompagner de très braves chiens, belles bêtes s’efflanquant à courir mais de formes héraldiques, ainsi que l’on en découvre sur les parchemins, gardant, langue tirée et haut les pattes, les meilleurs écussons de France. Il nous narre, à son de trompe ou à demi-mots, les légendaires prouesses de tous nos grands veneurs. Sous une belle couverture vert tendre comme le sont les halliers au printemps, il a collectionné de jolies gravures, estampes, eaux fortes reproduites, miniatures coloriées finement, armes rares. C’est plus qu’il n’en faut, pour les étrennes d’un oncle à présent impotent et regrettant l’époque de ses valeureuses chevauchées. L’auteur, timidement ironique, offre aussi son gros livre aux jeunes hommes et semble ne pas trop compter sur leur-curiosité malgré la diane d’or qui éclaire de sa grâce cet ouvrage vert, plein de récits d’amour. (Éros n’est-il pas le premier des chasseurs !) Mais qu’il prenne patience, l’auteur, on commence à en revoir avec l’Affaire, cette bête du Gévaudan sans cesse renaissante de ses propres cendres et, si j’en juge par le hourvari quotidien dans les rues, le temps des grandes chasses approche. Courir le juif ou le daim innocent, ça me paraît synonyme et il serait urgent de reprendre le vieux jargon des sonneurs d’hallali, histoire de moins blesser les convenances.